Créer une micro-entreprise, c’est un peu comme monter un side-project ambitieux : sur le papier, tout a l’air simple, mais la réalité mélange envies, paperasse et petites angoisses nocturnes. Le régime micro-entrepreneur a été pensé pour rendre tout ça digeste : formalités en ligne, compta light, fiscalité simplifiée et possibilité de tester un business sans tout plaquer. Encore faut-il savoir où cliquer, quoi cocher et comment éviter les bourdes qui coûtent cher (ou qui bloquent le dossier au pire moment). Entre les seuils de chiffre d’affaires, la franchise de TVA en pleine réforme, l’INPI qui a tout centralisé et l’Urssaf qui surveille le moindre euro déclaré, mieux vaut avancer avec un plan clair plutôt qu’au feeling.
Ce guide passe au crible les grandes étapes pour créer sa micro-entreprise, les erreurs classiques qui plombent un bon projet, et les astuces concrètes pour démarrer proprement. L’idée n’est pas de sortir un discours de consultant, mais de parler vrai : comment choisir son activité, poser une base juridique solide, gérer les options fiscales sans se noyer, cumuler avec un job salarié ou le chômage, et surtout garder la main sur son temps et son énergie. Pour illustrer, un fil rouge accompagne ces explications : l’histoire de Samir, salarié en CDI qui lance une activité de réparation de vélos et de vente de pièces en micro-entreprise. Son parcours sert de repère pour comprendre les formalités, les choix stratégiques… et les pièges qu’il réussit (ou pas) à esquiver.
En bref :
- La micro-entreprise est une entreprise individuelle simplifiée avec comptabilité ultra-light, fiscalité au réel simplifiée et protection du patrimoine personnel.
- Tout se passe en ligne via le Guichet unique de l’INPI : création, suivi, régularisation et paiement des formalités.
- Des plafonds de chiffre d’affaires s’appliquent (188 700 € pour la vente, 77 700 € pour les services) et conditionnent le maintien du régime micro.
- La franchise en base de TVA permet de facturer sans TVA, mais une réforme abaisse fortement les seuils : à suivre de près avant de fixer ses prix.
- Les démarches clés : domiciliation, déclaration en ligne, ouverture de compte, assurances, création du compte Urssaf et choix des options fiscales.
- Des aides existent (ACRE, ARE, ARCE, aides locales) pour limiter la casse financière au début, à condition de les demander au bon moment.
- Le régime micro est idéal pour démarrer, tester un marché ou lancer une activité complémentaire, mais il a ses limites dès que le business décolle fort.
Créer sa micro-entreprise : bien comprendre le statut avant de se lancer
Avant de cliquer partout sur le site de l’INPI, il est utile de poser le décor : ce qu’est vraiment une micro-entreprise, ce qu’elle permet… et ce qu’elle ne permettra jamais. C’est ce que Samir n’avait pas fait au départ. Résultat : des surprises sur la TVA et la retraite après quelques mois d’activité. Comprendre le cadre, c’est éviter de construire un projet sur une idée fausse.
Micro-entreprise : définition simple, impact concret
La micro-entreprise est une entreprise individuelle. Il n’y a pas de société créée à côté de la personne, pas de capital social, pas d’associés, pas de statuts à rédiger. L’activité est exercée en nom propre, mais le patrimoine professionnel est séparé du patrimoine personnel : en cas de dettes, seuls les biens utiles à l’activité sont en ligne de mire, ce qui apaise un peu les nuits avant le lancement.
Le régime micro est surtout un régime fiscal et social simplifié, avec :
- un impôt sur le revenu calculé sur le chiffre d’affaires, après abattement forfaitaire ;
- des cotisations sociales proportionnelles au chiffre d’affaires encaissé ;
- une comptabilité ultra-allégée : pas de bilan, juste un livre de recettes (et un registre des achats si besoin).
C’est un cadre taillé pour tester un business, lancer une activité complémentaire ou démarrer une activité pro sans se taper une usine à gaz comptable.
Conditions, activités autorisées et exclus du régime
Bonne nouvelle : pratiquement tout le monde peut créer une micro-entreprise. Sont éligibles :
- les majeurs et les mineurs émancipés ;
- les ressortissants français et européens avec une adresse en France ;
- les ressortissants étrangers avec un titre de séjour autorisant la création d’entreprise.
En revanche, certaines situations bloquent :
- interdiction de gérer prononcée par un tribunal ;
- mise sous tutelle ou certaines formes de curatelle ;
- personne morale (une société ne peut pas être micro-entrepreneur).
Côté activités, la micro-entreprise convient pour :
- les activités commerciales (vente de produits, e-commerce, revente de matériel) ;
- les activités artisanales (réparation vélo comme Samir, coiffure à domicile, petits travaux, etc.) ;
- une partie des professions libérales (coaching, conseil, rédaction, graphisme…).
Certaines activités sont exclues du jeu, notamment :
- les activités agricoles relevant de la MSA ;
- plusieurs professions libérales réglementées (avocats, médecins, notaires…) ;
- les activités artistiques rémunérées en droits d’auteur dépendant de la Maison des artistes ou de l’Agessa ;
- les opérations de TVA immobilière ou de location d’immeubles dans certains cas.
| Élément | Micro-entreprise | Remarques clés |
|---|---|---|
| Personnalité morale | Non | Activité en nom propre, pas de société distincte. |
| Responsabilité | Limitée au patrimoine pro | Les biens personnels sont protégés par défaut. |
| Activités autorisées | Commerciales, artisanales, libérales | Sous réserve de ne pas être une profession exclue. |
| Comptabilité | Simplifiée | Livre de recettes obligatoire, registre des achats si besoin. |
| Fiscalité | Impôt sur le revenu | Abattement automatique ou versement libératoire. |
| Protection sociale | Régime des indépendants | Droits retraite, maladie, formation liés au CA. |
La micro-entreprise, c’est donc un cadre simple, mais pas “sans règles” : savoir ce qu’il permet évite de lui demander ce qu’il ne peut pas offrir.

Plafonds de chiffre d’affaires, TVA et options fiscales : les chiffres à maîtriser
C’est souvent là que les projets se compliquent : les chiffres, les seuils, les options fiscales qui semblent écrits pour des fiscalistes insomniaques. Pourtant, pour une micro-entreprise, quelques repères suffisent pour garder le contrôle. Quand Samir a commencé à bien vendre des vélos reconditionnés, la question est arrivée vite : “Et si je dépasse les plafonds, qu’est-ce qui se passe exactement ?”
Plafonds de chiffre d’affaires : jusqu’où va la micro-entreprise ?
Le régime micro repose sur des plafonds de chiffre d’affaires. Tant que ces limites ne sont pas dépassées, l’entrepreneur reste dans le cadre simplifié.
- 188 700 € pour les activités de vente de marchandises ou fourniture de logement (hors location nue) ;
- 77 700 € pour les prestations de services et professions libérales.
En activité mixte, par exemple vente de pièces + prestations de réparation comme Samir :
- le total du chiffre d’affaires ne doit pas excéder 188 700 € ;
- la part “services” ne doit pas dépasser 77 700 € à l’intérieur de ce total.
Si ces plafonds sont dépassés deux années de suite, on bascule dans le régime classique de l’entreprise individuelle, plus lourd en comptabilité et en contraintes. Ce n’est pas une punition, mais ça impose d’anticiper : changement de régime fiscal, passage éventuel à la TVA, accompagnement comptable…
Franchise en base de TVA : avantage, mais pas éternel
Autre pilier du régime : la franchise en base de TVA. Tant qu’on reste en dessous de certains montants de chiffre d’affaires, on ne facture pas la TVA, on ne la collecte pas et on ne la reverse pas. Sur un devis, la fameuse mention “TVA non applicable, article 293 B du CGI” s’applique encore.
Les seuils actuels de franchise tournent autour de :
- 85 000 € de chiffre d’affaires (année N-1) pour la vente de marchandises (tolérance jusqu’à 93 500 € sur l’année en cours) ;
- 37 500 € (année N-1) pour les prestations de services (tolérance jusqu’à 41 250 €).
Mais une réforme est en cours, avec un abaissement annoncé des seuils de franchise vers 25 000 €. Moralité :
- bien suivre l’évolution des règles (site des impôts, comptable, presse pro) ;
- ne pas construire un modèle économique uniquement sur l’absence de TVA ;
- prévoir dans ses prix la capacité à “digérer” la TVA si elle devient obligatoire.
| Type d’activité | Plafond CA micro (annuel) | Seuil actuel franchise TVA (N-1) |
|---|---|---|
| Vente de marchandises | 188 700 € | 85 000 € (avec tolérance jusqu’à 93 500 € sur N) |
| Prestations de services | 77 700 € | 37 500 € (avec tolérance jusqu’à 41 250 € sur N) |
| Activité mixte | 188 700 € au total | Seuils TVA appréciés par nature de recettes |
Micro-fiscal ou versement libératoire : choisir son mode d’imposition
Côté impôt sur le revenu, deux grandes options s’ouvrent aux micro-entrepreneurs :
- le régime micro-fiscal classique : le chiffre d’affaires est intégré au revenu global avec un abattement ;
- le versement libératoire : l’impôt est payé au fil de l’eau, en pourcentage du chiffre d’affaires déclaré.
Dans le régime micro-fiscal, un abattement automatique est appliqué :
- 71 % du CA pour la vente de marchandises ;
- 50 % pour les services commerciaux (BIC) ;
- 34 % pour les professions libérales (BNC).
On ne déduit pas ses charges au réel, mais cet abattement est censé les représenter. Il y a même un minimum de 305 € d’abattement, même en très faible activité.
Le versement libératoire fonctionne autrement : un pourcentage est payé directement à l’Urssaf en même temps que les cotisations sociales :
- 1 % du CA pour la vente de marchandises ;
- 1,7 % pour les prestations de service BIC ;
- 2,2 % pour les activités libérales BNC.
Cette option est intéressante quand le foyer fiscal n’est pas déjà fortement imposé. Elle évite les mauvaises surprises d’impôt un an plus tard. Mais elle doit être demandée dans les délais, souvent au moment de la création ou avant une certaine date dans l’année.
- À privilégier : versement libératoire si les revenus du foyer sont modestes et qu’on veut lisser l’impôt.
- À éviter : versement libératoire si le taux marginal d’imposition est très bas (on risque de payer trop).
En bref, les chiffres ne sont pas là pour faire peur, mais pour poser un cadre : bien les connaître, c’est aussi se donner une vision réaliste du potentiel de son activité micro.
Démarches en ligne sur le Guichet unique : créer sa micro-entreprise pas à pas
Une fois le projet clarifié, vient le moment de “parler aux écrans”. Depuis la centralisation des formalités sur le Guichet unique de l’INPI, tout se fait en ligne : pratique, mais un peu stressant la première fois. Pour Samir, c’est le soir, entre deux épisodes de série, que tout s’est joué. En suivant les étapes dans l’ordre, il a évité le classique “dossier à régulariser” qui rallonge les délais.
Préparer la création : domiciliation, activité, pièces justificatives
Avant même d’ouvrir le site, quelques décisions sont à prendre :
- Adresse de domiciliation : chez soi, dans un local loué ou acheté, via une société de domiciliation ou une pépinière d’entreprise ;
- Nature de l’activité : commerciale, artisanale, libérale, ou mixte ;
- Nom commercial éventuel : le nom officiel restera le nom civil, mais un nom commercial peut être ajouté.
Domicilier son activité à domicile reste fréquent, mais implique :
- de vérifier le bail, le règlement de copropriété et les règles d’urbanisme ;
- d’accepter que l’adresse personnelle apparaisse sur les factures et documents légaux ;
- de gérer la frontière entre vie pro et vie perso (clients qui veulent passer “vite fait”, stockage de matériel, etc.).
Côté documents, le Guichet unique demande au minimum :
- une pièce d’identité valide ;
- un justificatif de domiciliation (bail, facture, contrat de domiciliation…) ;
- une déclaration sur l’honneur de non-condamnation et filiation.
Dans certains cas, s’ajoutent :
- une attestation d’information du conjoint pour les personnes mariées sous communauté ;
- des diplômes, autorisations ou attestations pour les activités réglementées (coiffure, sécurité, transport, etc.).
| Étape | Action | Pièges fréquents |
|---|---|---|
| 1. Domiciliation | Choisir et justifier l’adresse du siège | Ignorer les clauses du bail ou les règles de copropriété. |
| 2. Documents | Scanner les pièces en PDF (max 10 Mo) | Qualité illisible, document périmé, mauvaise adresse. |
| 3. Activité | Décrire précisément ce que l’on fait | Libellé flou, mauvaise catégorie (BIC/BNC). |
| 4. Vérifications | Contrôle des informations avant envoi | Erreurs sur l’état civil, la date de début, le mail. |
Remplir la formalité sur le portail e-procédures
Une fois connecté sur le portail e-procédures de l’INPI, la création suit un chemin standard :
- cliquer sur “Créer, modifier ou cesser une entreprise” dans l’onglet “Entreprises” ;
- choisir “Créer une entreprise” et non “modifier” si c’est la première entreprise individuelle ;
- sélectionner “Entrepreneur individuel”, puis cocher l’option “statut micro-entrepreneur”.
Le système propose de nommer un brouillon. Bonne idée : toutes les infos saisies sont sauvegardées pendant un an, pratique si on doit couper au milieu. Viennent ensuite les rubriques :
- Identité de l’entreprise : état civil, coordonnées, date de début d’activité envisagée ;
- Composition : éventuels représentants ou indivisaires (facultatif pour la majorité des cas) ;
- Insaisissabilité : la résidence principale est protégée par défaut, les résidences secondaires peuvent l’être sur demande ;
- Établissements : adresse des locaux, description des activités, éventuel nom de domaine du site ;
- Options fiscales : périodicité de déclaration (mensuelle ou trimestrielle) et options fiscales selon le cas.
Pièces jointes, signature, paiement et suivi
Une fois les infos saisies, la plateforme invite à téléverser les pièces jointes au format PDF (taille limitée). L’INPI ne valide pas le fond des documents, il se contente de les transmettre aux autorités compétentes. En cas de doute, mieux vaut joindre des pièces complémentaires dans la rubrique “Pièces supplémentaires”.
La fin de la formalité se découpe ainsi :
- Observations : champ libre pour un commentaire à destination de l’administration (utile si situation particulière) ;
- Correspondance : coordonnées pour recevoir les notifications ;
- Récapitulatif : vérification de toutes les infos, génération du document de synthèse à signer ;
- Signature : validation définitive de la demande, impossible de modifier après ;
- Paiement : en carte bancaire, via un compte INPI ou par délégation de paiement.
Les frais de formalité sont encadrés par la loi et varient selon l’activité (artisan, commerçant, libéral…). Une fois le paiement effectué, un reçu est disponible dans l’onglet “Dossier”. Si une irrégularité est détectée, un mail invite à régulariser via le tableau de bord. En cas de rejet pur et simple, le montant payé est remboursé via le même moyen de paiement.
Quand la formalité est validée, l’entreprise est immatriculée au Registre national des entreprises. Les infos partent automatiquement à la DGFiP et à l’Urssaf. Le fameux SIREN/SIRET arrive alors, et l’activité peut enfin démarrer officiellement.
La morale : suivre le déroulé sans brûler les étapes évite le combo infernal “dossier incomplet + perte de temps + stress inutile”.
Gestion quotidienne de la micro-entreprise : charges, comptabilité et protection
Créer la micro-entreprise, c’est une première victoire. La faire tourner sans se prendre le mur administratif, c’en est une autre. Là où beaucoup se plantent, ce n’est pas à la création, mais dans la gestion : déclarations oubliées, absence de traçabilité, mauvaises surprises sur la retraite. Samir, lui, a très vite compris que 15 minutes par semaine pouvaient lui faire gagner beaucoup de tranquillité sur l’année.
Cotisations sociales : combien, quand et sur quoi ?
Le principe est simple : pas de chiffre d’affaires, pas de cotisations sociales. Dès qu’il y a du chiffre d’affaires encaissé, un pourcentage s’applique. Les taux varient selon l’activité :
- 12,3 % pour le commerce et la fourniture d’hébergement ;
- 24,6 % pour de nombreuses prestations de services BNC ;
- 23,2 % pour les professions libérales relevant de la Cipav et certaines prestations de services BIC ;
- 6 % pour la location de logements meublés de tourisme.
Ces cotisations ouvrent des droits :
- assurance maladie-maternité ;
- retraite de base et complémentaire (sous réserve de seuils de chiffre d’affaires) ;
- droits à la formation professionnelle via les organismes dédiés aux indépendants.
À noter : des évolutions de taux sont déjà annoncées pour certains micro-entrepreneurs relevant du régime général, avec une hausse à 26,1 % à partir de 2026 pour certaines activités de service. D’où l’intérêt de vérifier régulièrement les taux sur le site officiel plutôt que de compter sur un vieux tableau trouvé au hasard.
| Type d’activité | Taux de cotisations sociales | Effet pratique |
|---|---|---|
| Vente de marchandises | 12,3 % | Charges sociales faibles, marges Ă surveiller. |
| Prestations de services (BNC) | 24,6 % | Charges plus élevées, mais pas de cotisation sans CA. |
| Professions libérales (Cipav, BIC) | 23,2 % | Droits retraite et formation liés au niveau de CA. |
| Location meublée de tourisme | 6 % | Charge sociale peu élevée, sujet très surveillé fiscalement. |
Créer et utiliser son espace Urssaf auto-entrepreneur
La gestion au quotidien passe par un réflexe : tout centraliser sur l’espace Urssaf auto-entrepreneur. Une fois le SIRET obtenu, la création du compte se fait en quelques minutes, avec :
- le numéro SIRET ;
- le numéro de sécurité sociale ;
- une adresse mail valide et accessible.
Depuis ce compte, on peut :
- dégrapper les déclarations de chiffre d’affaires (mensuelles ou trimestrielles) ;
- payer les cotisations et, le cas échéant, le versement libératoire ;
- accéder à l’historique des paiements ;
- demander la fermeture de la micro-entreprise ou modifier certains paramètres.
L’erreur classique : “Oublier” de déclarer quand il n’y a pas de chiffre d’affaires en se disant que ça ne sert à rien. Mauvaise idée : la déclaration est obligatoire même à zéro. L’absence de déclaration entraîne des majorations et une relation compliquée avec l’Urssaf… dont on se passerait bien.
Comptabilité et organisation minimale, mais solide
La force de la micro-entreprise, c’est sa comptabilité simplifiée. L’obligation se résume à :
- tenir un livre de recettes avec date, montant, origine, mode de paiement ;
- tenir un registre des achats pour les activités de vente de marchandises ;
- conserver factures et justificatifs, au cas où l’administration aimerait en discuter.
Beaucoup utilisent :
- un tableur simple (Google Sheets, Excel) structuré par mois ;
- ou un petit logiciel de facturation avec exports automatiques.
Samir, par exemple, a opté pour un tableau partagé où il saisit ses ventes de vélos, ses achats de pièces, ses charges fixes (assurance, box de stockage) et ses déclarations. 15 minutes tous les dimanches soir, et il sait exactement ce qu’il peut sortir de son activité sans se mentir.
L’ultime astuce : un compte bancaire dédié. Il reste facultatif tant que le chiffre d’affaires n’a pas dépassé 10 000 € deux années de suite, mais dans la pratique, séparer flux perso et pro simplifie tout. Et en cas de contrôle ou de demande de prêt, ça fait tout de suite sérieux.
Une micro-entreprise bien tenue, ce n’est pas une compta en béton armé, c’est surtout une organisation claire et régulière, sans laisser les papiers prendre le contrôle du projet.
Pièges courants et astuces pour démarrer sa micro-entreprise sans stress
Une micro-entreprise se plante rarement sur un mauvais formulaire. Elle se plante sur des choses plus subtiles : tarifs mal calculés, mauvaise compréhension des aides, confusion entre argent qui rentre et vrai revenu. Passons en revue les pièges classiques… et les parades concrètes.
Confondre chiffre d’affaires et argent “dans la poche”
Premier piège : prendre le chiffre d’affaires pour un salaire. Quand Samir encaisse 2 000 € sur un mois, ça ne veut pas dire qu’il “gagne” 2 000 €. Sur cette somme, il doit encore :
- payer ses cotisations sociales ;
- assumer les frais de matériel, loyers, assurances ;
- garder une marge pour les périodes plus creuses ;
- payer éventuellement son impôt sur le revenu si le versement libératoire n’est pas choisi.
Une règle simple pour éviter la désillusion :
- mettre automatiquement de côté 30 % à 40 % de chaque encaissement sur un sous-compte dédié ;
- se payer un “pseudo-salaire” fixe chaque mois, au lieu de tout dépenser dès que ça rentre.
Négliger les assurances obligatoires ou stratégiques
Autre piège : minimiser le besoin d’assurance professionnelle. Selon l’activité, certaines polices sont obligatoires :
- garantie décennale pour le BTP ;
- assurances spécifiques pour les chauffeurs VTC, professions paramédicales, etc. ;
- responsabilité civile pro obligatoire dans certains métiers réglementés.
Même quand ce n’est pas obligatoire, une bonne responsabilité civile pro évite de transformer un petit incident en catastrophe financière. Un ordinateur cassé chez un client, un produit défectueux, une prestation qui tourne mal : ces scénarios arrivent plus vite qu’on ne le pense.
Oublier les aides disponibles : ACRE, ARE, ARCE et aides locales
Beaucoup créent leur micro-entreprise en serrant les dents sur les premiers mois, alors qu’ils pourraient bénéficier de véritables coups de pouce. À connaître :
- ACRE : réduction d’environ 50 % des cotisations sociales sur la première année, sous conditions, mais à demander dans les délais ;
- ARE maintenue : possibilité de garder une partie de l’allocation chômage tout en lançant son activité ;
- ARCE : conversion d’une partie des droits restants au chômage en capital, versé en deux fois.
À cela s’ajoutent souvent des aides régionales ou départementales : subventions, accompagnement, prêts d’honneur. Une visite au site de la région ou à la mairie peut littéralement changer le budget de départ. Samir, par exemple, a obtenu une aide locale pour l’achat de son premier stock de pièces, à condition de s’engager à rester sur le territoire pendant un certain temps.
| Aide | Effet | Point de vigilance |
|---|---|---|
| ACRE | Réduction de cotisations sociales la 1ère année | Demande obligatoire, délais à respecter. |
| ARE maintenue | Revenus mixtes chômage + micro-entreprise | Déclarations mensuelles à Pôle emploi précises. |
| ARCE | Capital initial basé sur droits restants | Plus d’ARE mensuelle pendant la durée du projet. |
| Aides locales | Subventions, prêts, accompagnement | Conditions d’éligibilité variables selon les territoires. |
- À faire avant de lancer : passer 1 à 2 heures à lister systématiquement toutes les aides possibles (nationales, Pôle emploi, locales).
- À éviter : créer la micro-entreprise puis seulement après se pencher sur l’ACRE ou l’ARCE, trop souvent hors délai.
En résumé, les pièges de la micro-entreprise ne sont pas des pièges “techniques”, mais des angles morts : ce qu’on ne voit pas au départ peut prendre de l’ampleur vite. Les esquiver, c’est garder de l’énergie pour ce qui compte vraiment : trouver des clients, améliorer son offre, développer ses compétences.
Peut-on cumuler un emploi salarié et une micro-entreprise ?
Oui, c’est possible, à condition de respecter quelques règles. Le contrat de travail ne doit pas contenir de clause d’exclusivité, l’activité de la micro-entreprise ne doit pas concurrencer directement celle de l’employeur, et elle doit être exercée en dehors des heures de travail. Le salarié cumule alors les cotisations sociales liées à son salaire et celles issues de son chiffre d’affaires de micro-entrepreneur.
Combien de temps faut-il pour obtenir son numéro SIRET après la création en ligne ?
En général, le délai est de quelques jours ouvrés après la validation, la signature et le paiement de la formalité sur le Guichet unique de l’INPI. Le dossier doit être complet et conforme. En cas de régularisation demandée, le délai s’allonge le temps de corriger les éléments manquants. Une fois immatriculée, la micro-entreprise apparaît au Registre national des entreprises et le SIRET devient disponible.
Peut-on créer plusieurs micro-entreprises en même temps ?
Non, une même personne ne peut pas avoir plusieurs micro-entreprises. En revanche, il est possible d’exercer plusieurs activités au sein d’une seule et même micro-entreprise, même si elles n’ont aucun lien entre elles. Il faudra simplement respecter les plafonds de chiffre d’affaires globaux et bien distinguer les recettes par type d’activité dans le suivi comptable.
La création d’une micro-entreprise est-elle payante ?
La création elle-même est souvent gratuite ou faiblement coûteuse selon la nature de l’activité. Les frais de formalité sont réglementés et restent limités. En revanche, il faut prévoir un budget pour le fonctionnement initial : assurance professionnelle, éventuelle domiciliation, matériel, ouverture d’un compte dédié, outils en ligne, voire accompagnement par un professionnel si besoin.
Quelles sont les obligations comptables minimales d’un micro-entrepreneur ?
Les obligations comptables sont très allégées : le micro-entrepreneur doit tenir un livre de recettes, et un registre des achats si son activité comporte de la vente de marchandises. Il n’a pas à produire de bilan ni de compte de résultat comme une société, mais il doit conserver toutes les factures et justificatifs, et pouvoir les présenter en cas de contrôle. Cette simplicité n’empêche pas d’adopter de bons outils pour suivre sa trésorerie.


